Quels sont les enjeux de sa rencontre avec Poutine ?
À l’invitation du président russe Vladimir Poutine, le leader nord-coréen Kim Jong-un effectuera prochainement une visite en Russie, selon une annonce faite lundi par le Kremlin. Il s’agira de la deuxième visite de Kim Jong-un en Russie, après celle d’avril 2019 à Vladivostok. Quel est l’objectif de ce déplacement ? Quels sont les sujets qui seront abordés lors de ce sommet ? Quelles sont les conséquences possibles pour la région et pour le monde ? Voici quelques éléments de réponse.
Un rapprochement stratégique entre Pyongyang et Moscou
La visite de Kim Jong-un en Russie intervient dans un contexte de tensions accrues entre la Corée du Nord et les États-Unis, après l’échec du sommet de Hanoï en février 2019. Depuis lors, Pyongyang a repris ses essais balistiques et nucléaires, et a durci son discours à l’égard de Washington. Face à l’impasse diplomatique, Kim Jong-un cherche à diversifier ses partenaires et à renforcer ses liens avec la Russie, qui partage une courte frontière avec la Corée du Nord et qui dispose d’un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU.
La Russie, de son côté, voit dans la Corée du Nord un moyen de renforcer son influence dans la région Asie-Pacifique, face à la Chine et aux États-Unis. Moscou souhaite également profiter des opportunités économiques offertes par le développement de la Corée du Nord, notamment dans les domaines de l’énergie, des transports et du commerce. La Russie a ainsi proposé de construire un gazoduc reliant la Russie à la Corée du Sud en passant par la Corée du Nord, ainsi qu’une ligne ferroviaire transcoréenne.
Les questions délicates au menu des discussions
Le sommet entre Kim Jong-un et Poutine devrait aborder plusieurs sujets sensibles, notamment le dossier nucléaire nord-coréen, la situation humanitaire en Corée du Nord, et les relations intercoréennes. Sur le dossier nucléaire, la Russie soutient le principe d’une dénucléarisation progressive et réciproque de la péninsule coréenne, en échange d’un allègement des sanctions internationales contre Pyongyang. La Russie pourrait ainsi jouer un rôle de médiateur entre la Corée du Nord et les États-Unis, en proposant des solutions pragmatiques et réalistes.
Sur la situation humanitaire, la Russie est l’un des principaux fournisseurs d’aide alimentaire à la Corée du Nord, qui fait face à une grave pénurie due aux sanctions, aux catastrophes naturelles et à la pandémie de Covid-19. La Russie pourrait ainsi demander à Kim Jong-un d’améliorer les conditions de vie de sa population, en échange d’un soutien politique et économique. La Russie pourrait également plaider pour une reprise du dialogue intercoréen, qui est au point mort depuis l’élection du président sud-coréen Moon Jae-in en mai 2017. La Russie considère que la paix et la stabilité dans la péninsule coréenne sont essentielles pour la sécurité régionale et mondiale.
Des conséquences incertaines pour l’avenir
Le sommet entre Kim Jong-un et Poutine pourrait avoir des conséquences importantes pour l’avenir de la péninsule coréenne et pour l’équilibre des forces dans la région. Tout dépendra toutefois des résultats concrets qui seront obtenus lors de cette rencontre, ainsi que de la réaction des autres acteurs impliqués, notamment les États-Unis, la Chine et la Corée du Sud. Le sommet pourrait soit relancer le processus diplomatique sur le dossier nucléaire nord-coréen, soit accentuer l’isolement et la défiance de Pyongyang vis-à-vis de Washington. Il pourrait également renforcer ou affaiblir le rôle de la Russie comme acteur incontournable dans la région.
Quoi qu’il en soit, le sommet entre Kim Jong-un et Poutine témoigne de la complexité et de la dynamique de la situation en Corée du Nord, qui ne se résume pas à une simple opposition entre le bien et le mal, entre la démocratie et la dictature, entre la paix et la guerre. Il s’agit d’un enjeu majeur pour l’avenir de l’humanité, qui nécessite une approche nuancée, pragmatique et multilatérale.